Le café est bien plus qu’une boisson : c’est un rituel qui rythme nos journées, qu’il s’agisse de démarrer la matinée, de prendre une pause ou de se retrouver entre amis. Premier produit agricole échangé et deuxième matière première au monde, il représente une consommation globale de 2,25 milliards de tasses par jour. Partant de ce constat, j’ai collecté les filtres de café usagés, séduite par leur texture, leur rondeur et leur couleur. Ce geste, devenu un rituel quotidien, m’a confrontée à la montagne de déchets qu’une telle pratique génère. Cette prise de conscience m’a menée à concevoir un projet sculptural : une forêt de lianes colorées, symbolisant à la fois la richesse et l’impact de cette consommation.
Les sculptures suspendues, composées de filtres teints et de tissus colorés, évoquent les grains de café à différents stades de maturation, du mauve au noir. La répétition des gestes nécessaires à la confection des lianes s’inscrit dans une démarche artisanale proche du rituel. Ce processus tisse un lien entre le cycle de consommation et un retour à des pratiques respectueuses de la matière et du temps.
Dans un monde où les structures créées perturbent l’ordre naturel, cette installation explore la reconstruction. En transformant un déchet quotidien en une forêt sculpturale, elle interroge les systèmes qui détruisent et les filiations oubliées entre l’humain et la nature. Les lianes suspendues incarnent une tentative de rétablir ces filiations tout en élargissant notre perception des objets usuels et de leur impact environnemental.
Cette installation invite à repenser nos rituels de consommation pour reconstruire un lien plus équilibré avec le vivant. En réutilisant les filtres de café, je propose une réflexion sur les systèmes d’exploitation et la manière dont l’art peut réimaginer la coexistence. En dialoguant avec la matière textile et les savoir-faire artisanaux, cette forêt relie les mémoires humaines et naturelles, offrant un réseau de connexions sensorielles et symboliques.